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L'Inde est un membre de l'OMC depuis le 1er janvier 1995. Elle est surnommée la « pharmacie du tiers monde ».

   L'Inde possède une législation très stricte au niveau du dépôt des brevets sur les médicaments. Selon la loi indienne sur les brevets, une clause indique « qu'une demande de brevet ne peut se justifier que pour des molécules nouvelles, issues d'une découverte scientifique dûment établie et non pour des produits qui recyclent ou améliorent des substances déjà existantes. »

   La stratégie des grands laboratoires internationaux consiste souvent à envahir le marché pharmaceutique en proposant des brevets sur plusieurs médicaments qui ne sont en fait que des dérivés de molécules déjà existantes. Cette stratégie favorise une plus grande exportation vers des pays riches ou plus pauvres car en effet moins les molécules sont avancées, moins elles sont chères à l'achat. Le système de la mondialisation est ici respecté mais l'Inde ne voit pas la situation sous cet angle : elle considère que ce système ne favorise pas la recherche et l'innovation mais plutôt le commerce et le profit. Ces brevets sont souvent refusés sur un type de médicaments bien précis à savoir les antirétroviraux permettant de lutter contre le SIDA entre autres. Ce type de médicament concentre la majeure partie de la recherche mondiale.

  L'Inde refuse donc catégoriquement d'accepter les brevets de molécules non-innovantes ce qui contrarie très fortement les multinationales pharmaceutiques. L'Inde est en effet le premier exportateur de génériques au monde et dispose d'un marché intérieur colossal. Ces médicaments sans marque font le bonheur des associations humanitaires compte tenu de leur prix très faible et à leur efficacité très convenable. Cependant, certains indiens comme la lobbyiste Ranjana Smetacek pensent que s’attaquer au brevet c’est s’attaquer à la recherche. De fait, si les médicaments sont vendus à un prix trop bas, les laboratoires n’ont plus de budget suffisant pour en créer de nouveaux. 

   Il faut rappeler que ces génériques à bas coût avaient pour premier objectif de lutter contre la contrebande et la vente de placebos dans les pharmacies locales. Ils garantissent un accès plus simple à de vrais médicaments même aux plus pauvres. L'expansion de la production des génériques indiens à aujourd'hui pris une telle ampleur que tous les laboratoires internationaux veulent prendre leur part sur le marché indien.

   L'Inde résiste tant bien que mal mais subit de grosses pressions de la part de Bruxelles au nom de l'Union européenne, qui voudrait qu'elle ouvre son marché intérieur aux brevets étrangers.

   L'Inde privilégie la Santé publique plutôt que le profit. En effet si les grands laboratoires parviennent à inonder le marché indien avec leurs médicaments de marques, le prix de ces derniers augmenteraient fortement, les laboratoires locaux diminueraient leurs revenus et seraient rachetés par des plus grandes firmes. La production de génériques indiens viendrait alors à se réduire ce qui plongerait de nombreuses personnes dans l'incapacité de se payer les soins qui leur sont nécessaires.

   Cela justifie donc le « blocus » sur les brevets étrangers, mais en cela l'Inde constitue-t-elle alors un obstacle à la mondialisation ?

   La question se pose aussi sur le problème éthique que peut créer l'ouverture du marché indien. En temps que premier exportateur au monde de génériques, une production affaiblie et un prix en augmentation priverait un grand nombre de personnes de médicaments en particulier en Afrique où la demande est très grande. En Afrique, grâce à Cipla, c’est 9 millions de personnes qui peuvent se soigner. Mais, le marché africain n’est pas la priorité des laboratoires indiens. En effet, ils préfèrent les marchés américains et européens. Or en France, des médicaments provenant de la firme indienne Cipla sont interdits, déclarés comme illicite. C'est notamment le cas du MTP KIT, vendu sur internet. L'AFSSAPS et la DGS l'ont déclaré comme tel. Ce médicament est utilisé dans le cas d'une interruption volontaire de grossesse. En effet il n'a pas reçu d'autorisation pour l'exportation en France et pourrait causer des hémorragies chez la patiente. 

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