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            a)Les arguments pour la séparation

 

Si une des banques de la fusion fait faillite, elle entraine souvent l’autre dans sa chute. Ainsi la séparation serait un moyen de d'augmenter la sécurité pour les clients. De plus, par souci de compétitivité, les banques cherchent à diminuer le capital minimum pour investir toujours d’avantage. Cependant  le rapport Vickers souligne que si le capital des banques avait été de 17% au moins, elles auraient toutes surmontés la crise des subprimes de 2008 sans avoir eu à recevoir d’aides publiques de l’Etat. L’intérêt des gérants de banque étant de gagner le plus d’argent possible, ils prennent des risques en bourse. Ainsi l’argent des particuliers est mis en danger. Il serait donc extrêmement pervers d’accepter un système où une entreprise privée bénéficiant d’une garantie publique pourrait librement exercer des activités très risquées. La situation serait ainsi asymétrique, et ne pourrait que conduire à privatiser les profits quand tout va bien et à nationaliser de grosses pertes en les transférant au contribuable “pile je gagne, face le contribuable perd”. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles le législateur américain avait séparé les activités bancaires en 1933, lorsqu’il a justement créé la garantie publique des dépôts. De plus, si jamais la banque, que ce soit de dépôt ou d’affaire était touchée par la crise, seule les banques de dépôts devront avoir droit à la garantie publique. Par ailleurs, la fusion développe des cas de conflits d’intérêts classiques et connus. La personne d’un département A, qui conseille une société pour ses opérations de fusions-acquisitions, ou pour son introduction en Bourse dispose d’informations privilégiées. Elle n’a pas le droit de chercher à influencer une personne d’un département B, qui publie des prévisions sur le cours de Bourse de cette même société. De tels conflits sont très difficiles à éviter. Les banques doivent ériger des “Murailles de Chine”, afin que deux départements de celles-ci ne puissent communiquer. Mais dans la pratique, ces personnes qui ne doivent théoriquement pas se parler, travaillent souvent dans des bureaux physiquement mitoyens, prennent leur pause à la même machine à café, et fréquentent les mêmes cercles. Les délits d’initiés et les délits de manipulation de cours sont donc le quotidien des marchés financiers. 

C’est pourquoi une séparation est préférables car par souci de compétitivité les banques universelles négligent le capital minimum et mettent donc en danger le particulier. De plus, cela éviterait les conflits d’intérêts au sein d’une même enseigne.

 

         

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  b) Les arguments contre la séparation

 

Le premier argument est que la séparation ne servirait à rien. La crise a touché des pures banques d’investissement mais aussi une pure banque de crédits immobiliers. A l’opposé, les banques universelles allemandes et françaises ont mieux tenu le choc. Mais la crise de 2008 a montré que lorsque les banques d’affaires dérapent, les banques commerciales sont également touchées. La séparation des banques de dépôt et d’affaire ne protège pas forcement de la crise. De plus, La fusion permet à de petites banques de devenir plus compétitives. Ainsi, ces banques, plus importantes brassent plus d’argent et donc peuvent logiquement faciliter l’emprunt du particulier. Cela s’inscrit dans la compétitivité. En cas de crise de liquidité, les banques d'investissement seule sont donc logiquement les premières victimes puisqu'elle ne possèdent pas de dépôts et en période de crise les investisseurs se font rares et leur fonctionnement est basé sur la confiance et le risque. Leur chute, en période de crise, est presque inévitable.

Philippe Frémeaux, dans son article « Banques Coopératives : qu'allaient-elles faire dans cette galère? » paru dans le magazine Alternatives économiques en Juin 2009 (n°281) nous donne un exemple, celui de CIFG et plus particulièrement de sa filiale américaine d'assurance-crédit qui se trouve exposé à des risques colossaux lors de la crise des subprimes (2008) puisque cette filiale a « garanti les portefeuilles de produits financier complexes détenus par d'autres banque ». Pourtant cette filiale était une banque d’affaire qui n’avait  aucun dépôt, qui ne faisait pas de crédit et qui était formellement séparée des autres établissements bancaires. Pour continuer avec les arguments contre la séparation nous pouvons étudier l'exemple de Lehman Brothers. Lehman Brothers est une banque d'affaire seule (pas de dépôts) multinationale qui est considérée comme responsable de la phase effective de la crise en 2008. Les banques avaient accordé des prêts très important à Lehman Brothers et chaque banque savait ce que la banque d'affaire lui devait mais ne savait pas ce qu'elle devait aux autres. C'est ainsi que les banques ont commencé à se méfier les unes des autres, une crise de liquidités et de blocages des activités de crédit est alors survenue. Les banques d'affaire seule ne sont donc pas protégées pour autant de la crise mais elles peuvent aussi la provoquer en partie. Lorsqu'il y a une fusion, les banques sont en lien et connaissent les activités de chacune elle n'ont pas de raisons de se méfier et on sait qu'une partie de leur fonctionnement est basé sur la confiance. La séparation ne protège donc pas de la crise. De plus l'expérience de la fusion a donné naissance à des interdépendances entre les activités de crédit et les activités de marché. Les différents compartiments des activités de marché sont tellement étroits, qu’il est  devenu techniquement impossible  de réaliser la séparation. En effet du fait de cette interdépendance la séparation pourrait avoir des effets négatifs dont l'ampleur est difficilement mesurable.

            Ainsi nous avons vu que la séparation n'est pas forcément la solution. En effet elle ne protège pas de la crise (exemple de CIFG) et des banques seules peuvent même être à l'origine d'une crise (exemple de Lehman Brothers). De plus la fusion permet aux banques de gagner en importance et donc de concurrencer les plus grandes.

 

 

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